Hommage à François Hadji-Lazaro

Février 2023

Il savait tout faire, ou plutôt tout jouer. De la guitare à l’oud, de la mandoline au dulcimer, de la cornemuse à la vielle à roue, en passant par l’accordéon, le violon, le saxo, la flûte, la clarinette et bien d’autres ustensiles à musique. Multi-instrumentiste donc, mais aussi auteur, compositeur, éditeur, producteur et acteur, François Hadji-Lazaro a transformé sa passion pour les refrains folk en réinventant une chanson française matinée de punk rock et de goualante réaliste. Ses divers groupes, comme Pigalle ou les Garçons Bouchers ont fait les beaux soirs de la musique alternative de l’hexagone.

François Hadji-Lazaro
© Marc Chesneau
 

Né en 1956 à Paris, dans une famille modeste et d’un père ancien résistant, il s’intéresse très tôt à la musique, via les chansons de Bob Dylan. Jusqu’à abandonner sa carrière d’instituteur pour aller jouer dans le métro et fonder son premier groupe, Pénélope. En 1990, au sein d’un nouvel orchestre baptisé Pigalle, il obtiendra un véritable succès populaire avec le titre Dans la salle du bar tabac de la rue des Martyrs. En parallèle, il a créé un autre combo, Les Garçons Bouchers, et un label indépendant, intitulé, bien sûr, Boucherie Productions, avec lequel il produira une ribambelle de groupes et d’artistes, fleurons du rock alternatif des années 80 et 90, comme la Mano Negra, les Tétines Noires, Parabellum, les Happy Drivers ou Los Carayos. Ce qui ne l’empêchera pas de publier plusieurs albums solo et de réaliser aussi des disques pour le jeune public, qui lui vaudront deux coups de cœur de l’Académie Charles-Cros en 2016 et 2019. Le colosse punk avait gardé une âme d’enfant...

Au cinéma, il promènera son physique de catcheur débonnaire dans une vingtaine de films et téléfilms, dirigés par des réalisateurs prestigieux comme Bertrand Tavernier (La Passion Béatrice), Claude Zidi (La Totale), Georges Lautner (Room Service), Jeunet et Caro (La Cité des enfants perdus), Jean-Pierre Mocky (Le Cabanon rose), Josée Dayan (Les Misérables) ou Michele Soavi (Dellamorte Dellamore).

Amateur de musique et de vin (en tournée, il ne manquait jamais de s’arrêter chez les producteurs locaux), mentor de toute une génération de musiciens et entrepreneur doté d’une conscience politique, résolument anti show business et anticapitaliste, François Hadji-Lazaro n’a jamais cessé, malgré les difficultés financières et les écueils d’une carrière en dents de scie, de chérir sa liberté et de défendre farouchement son indépendance.

François Hadji-Lazaro avait été admis à la Sacem en qualité d’auteur et de compositeur en 1987 et promu sociétaire définitif en 1997.

 

« Notre société a besoin de ces créateurs libres comme pouvait l’être cet artiste inclassable mais indispensable. »
Serge Perathoner - Compositeur, Président du Conseil d'administration de la Sacem

 

 

Publié le 27 février 2023