Valentin Petit, auteur-réalisateur de la street generation

Réalisateur de vidéoclips principalement pour des artistes rap, à la fois français et internationaux, Valentin Petit a trouvé la mort en Suisse dans un accident d’avion à l’âge de 32 ans. La fin prématurée de la carrière prometteuse d’un artiste au plus près de sa génération.

Il faisait partie des créateurs qui ont accompagné par l’image les nouveaux talents musicaux et les tendances émergentes des années 2010. Né le 22 mai 1992, Valentin Petit grandit dans sa ville natale de Bourges. Le baccalauréat en poche, il obtient un BTS de design graphique à Montpellier avant de déménager à Paris où il décroche une licence de cinéma à l'Université Paris-VIII. Adepte de sports extrêmes, un accident l’oblige à stopper les pratiques à risque. La caméra devient un moyen de rester à proximité de ses amis qu’il commence à filmer dans des séances de skateboard, de BMX et de moto.

Se prenant au jeu de la caméra, il embraye de façon professionnelle avec des vidéoclips réalisés dès 2011 pour des étoiles montantes du rap hexagonal comme Everydayz, Deen Burbigo, Némir, Alpha Wann, ou Joke. En 2015, il signe la réalisation de Risibles amours – 7 :77 AM pour Nekfeu et se fait remarquer en 2017 hors du rap avec le clip de L'année la plus chaude de tous les temps pour le chanteur Raphaël.

Homologue à l’image des artistes qui s’autoproduisent en home studio, Valentin Petit démarre avec des moyens parfois légers, tant d’un point de vue humain que matériel. Ce mode de travail suffit à imposer un style novateur et personnel qu’il qualifie lui-même « d’énergétique », avec une caméra toujours en mouvement, qui contribue au dynamisme de ses films. Sa passion pour les cultures urbaines lui permet en outre de filmer au plus près à travers l’œil de sa génération, souvent avec des couleurs naturelles et un sens fort du réalisme.

Après deux clips pour Prince Waly (Marsellus Wallace et Doggy Bag) ainsi que celui de Normal de Roméo Elvis, sa notoriété s’étend aux Etats-Unis où A$AP Ferg fait appel à lui en 2019, ce qui marque une nouvelle étape importante dans sa carrière. Son travail à l’international se poursuit avec un second clip pour le rappeur new-yorkais, Green Juice, un titre en duo avec Pharrell Williams. La chanteuse R&B Victoria Monét (Moment) puis la superstar espagnole Rosalía (SAOKO, 2022) lui confient tour à tour un clip.

Son talent et son langage très ancré dans la société attirent les regards des marques. Entre 2012 et 2022, il signe plus d’une vingtaine de publicités pour des produits ou des services dont l’image se veut en lien avec la culture street ou tout simplement, la jeune génération : Puma, Adidas, Ubisoft, Heetch, Nike, G-Shock… mais aussi Schneider Electric, Peugeot ou Bentley Motors. Plus récemment, le secteur du luxe s’était intéressé à son travail, comme en témoigne sa collaboration avec le créateur Olivier Rousteing pour la marque Balmain.

Il s’essaie aussi à la fiction en 2015 avec Antophobia, court-métrage fantastique qui met en scène un citadin confronté à la phobie des fleurs. Il est suivi d’un second trois ans plus tard, Le Bruit de la lumière, l’histoire singulière de deux amis qui réalisent un album et font appel à une troisième comparse, atteinte d’une synesthésie, pour produire les instrumentaux. Enfin, Valentin Petit a aussi signé un court et très beau documentaire sur le tatoueur Rafel Delalande. À déjà 32 ans, il avait constitué une œuvre riche, originale et cohérente, dont la suite était attendue avec impatience.

Publié le 24 mai 2023