PIERRE-ANDRÉ DOUSSET, LE SENS DE LA CHANSON

Mai 2023

Il avait pour atout sa discrétion, sa modestie, et le sens de la chanson populaire. Pierre-André Dousset, né le 28 septembre 1938, auteur et compositeur de plus de huit cents chansons nous a quittés à l’âge de 85 ans, le 24 mai 2023. L’œil bleu, brillant de malice, l’homme serein avait forgé des tubes, des balades, des slows, des airs de joie, des blues à la française pour Mireille Mathieu, Enrico Macias, Gérard Lenorman, Fabienne Thibeault, et tant d’autres.

Né à Nogaro, commune du Gers dans le Bas Armagnac, Pierre-André Dousset a grandi au Pays Basque, à Biarritz. Dès l’enfance, il se prend de passion pour l’écriture, d’abord en inventant la suite des aventures du personnage pulp Tarzan dont le rythme de parution hebdomadaire ne rassasie pas son appétit d’imaginaire puis en écrivant ses premières chansons et comptines.

C’est en 1965 qu’il monte à Paris en vue de suivre des études d’espagnol. Mais il bifurque, choisissant de suivre sa vocation d’enfant. Il fait alors ses classes au Lapin Agile, célèbre cabaret montmartrois qui a présidé aux débuts de Léo Ferré puis de Claude Nougaro. Pierre-André Dousset se fait remarquer et réussit alors à enregistrer un premier disque porté par le titre La Vieille. Fort de ce succès, il publie entre 1966 et 1967 quatre disques sous son nom pour la maison Philips.

Comprenant que l’art de la chanson est un tissu brodé par des artistes aux métiers divers, le talentueux parolier se consacre alors à ce qu’il a toujours voulu faire : faire chanter les mots. Pierre-André savait ciseler les rimes, les faire danser. L’homme au large sourire aimait les émotions populaires, expliquant : « Une chanson, c’est quelqu’un qui s’adresse à moi et me dit quelque chose ».

En 1967, il croise le chemin de Mireille Mathieu, nouvelle incarnation de l’amour à la française. Il écrit pour elle Ce soir ils vont s’aimer - premier de la trentaine de titres qu’il lui offrira par la suite. Cet amoureux de la chanson populaire a beaucoup écrit pour les femmes : pour Mireille, Ginette Reno, Annie Cordy, Nicole Rieu, Dalida…, mais a aussi œuvré pour le succès de voix masculines emblématiques de l’époque comme Enrico Macias, Frédéric François, Serge Fouchet.

1975 est une année dorée pour Pierre-André. À Nicole Croisille, il offre Téléphone moi, tandis que Rika Zaraï triomphe avec Sans chemises, sans pantalon, chanson de Léon Angel et Jacques Bourgeois dont le Biarrot a réécrit les paroles. Amoureux de la langue et au service de la francophonie, Pierre-André Dousset ne néglige point le Québec. Il écrit notamment pour la grande Ginette Reno mais aussi pour Fabienne Thibeault qui à la découverte des paroles de Je te présenterai mon pays eut un coup de cœur pour le ton enfantin si propre au style de Dousset.

En fin de carrière, revenu s’installer à Biarritz où il a grandi, il reprend la plume pour des artistes basques locaux comme Michel Etcheverry ou David Olaizola. À sa manière de ne pas se prendre les choses au sérieux, il reprend à son compte la chanson de Georges Brassens – « Le pluriel ne vaut rien à l'homme et sitôt qu'on. Est plus de quatre on est une bande de cons. Bande à part, sacrebleu ! c'est ma règle et j'y tiens ». Mais il cultive l’amitié avec constance, retrouvant des amis à Paris ou au Pays Basque pour des parties de pêche du côté de la plage de la Chambre d’Amour, à Anglet.

Il avait aussi écrit pour la télévision (Didonc et Babalou), pour la comédie musicale et pour le cinéma (Les clefs du Paradis, Les pyramides bleues, Mon père ce héros …).

Des fenêtres de son appartement à Biarritz, il regardait le monde, prenant parfois sa guitare pour fredonner ce qui fit danser les Français au mitan des années 1970 : « Le soleil dans la mer au loin, est en train de prendre son bain ».

Pierre-André Dousset a été admis à la Sacem comme auteur en 1963 et comme compositeur en 1966. Il fut promu sociétaire définitif en 1973.
 

« Avec Pierre-André, nous avons eu le bonheur d’écrire plus d’une trentaine de chansons pour des interprètes de renom comme Ginette Reno ou encore Dalida. À mon grand frère d’écriture et partenaire d’écriture depuis plus de cinquante ans, merci pour tout. »
Gérard Layani, auteur

"Qu’elle est lourde à porter, l’absence de l’ami. Les magnifiques vers de Louis Amade immortalisés en chanson par Gilbert Bécaud sont exactement l’illustration de ce que je ressens suite à la mort de mon ami Pierre-André Dousset .De Bibie à Ginette Reno, en passant par Linda de Souza, jusqu’à Depardieu chantant le générique de Mon père ce héros, on en a écrit des chansons, en riant, en riant, en riant, en nous surprenant mutuellement, en déconnant comme de sales gamins, et ce durant quarante ans. C’est une longue et belle amitié qui se perd dans la mort mais qui se perpétue dans les souvenirs les plus nobles, les plus purs, les plus joyeux."
François Bernheim, auteur-compositeur

 

 

 

Publié le 31 mai 2023